une larme à l'oeil, un départ..

Les jardins de Sénata V, sont sans nul doute les plus soignés du monde connus, les plus grands, et les plus exotiques. Ils sont un des seuls espaces verts vivant encore sur la planète presque totalement construite, et surconstruite. De la Lambida cyan n'appréciant que les froids glaciales au célèbre Zyntaphina ne survivant que dans les enfers réels, le panel des espèces présentes était grandiose. Les allées étaient de somptueuses routes pavées bordées de mgnifiques fleurs rouges, éternellement rouge, elle ne se fanaient jamais. Les couples, ce jour-ci de soleil, y circulaient par dizaines.

Une larme à l'oeil, Thorin se remémora tous ces départs, Metal_snake, Da|boz, Lokamhal, Tsubasa, Zéro, et tant d'autres, ayant plus ou moins marqué les esprits, foudroyé les habitudes, regencé les affaires sénatoriales, menés les bruits de couloirs... Chaque départ était une part du coeur de Thorin qui se fânait, ce doux coeur, sous cette armure de titan coléreux et irascible. Le colosse au pied d'argile, d'un côté le david, de l'autre le goliath.
Il aurait tant aimé être cette fleur qui le nargait sadiquement à chaque pas qu'il faisait, qui l'entourait chaque fois qu'il venait dans ces jardins, il avait tant désiré ne point se fâner, voir sans sentiments les mort des uns, les départs des autres... Ne réagir que par l'indifférence dans le désespoir et la torture morale...
Mais il était plus sentimental encore qu'il ne voulait se l'avouer...

Des bruits de couloirs circulaient sur la jeune et belle Tienn.
Il avait entendu dire qu'elle partait, cette jeune femme dont la seule vue remettait un homme bien droit dans ses pires moments d'impuissances...
oui, il y a un sens caché^^

Il la trouva enfin.
elle flanait dans les allées.

Il alla la voir, et lui demanda, une l'arme à l'oeil

Tienn, est-il vrai que vous partez ?
pourquoi ? où ?
dites le moi...

ils partirent , vagabondant dans les allées....

Empereur Nombre de messages : 120 Date d'inscription : 30/04/2005

Thorin Oakenshield....

Combien de fois Tienn avait elle entendu ce nom? des dizaines, peut être même des centaines...
Combien de fois avait elle croisé l'être qui épouvantait tant de monde par sa condition physique? deux ou trois fois peut être, sans jamais lui avoir accordé plus d'attention qu'un sourire. Pourtant...pourtant, cet être l'intriguait. Loin d'être idiot, il était manipulateur, et excellent orateur qui plus est. La jeune femme avait souhaité le rencontrer, mais sa timidité et les problèmes qu'elle avait rencontrés ces temps derniers l'en avait empechée.

Ce jour là, elle était partie de chez son amant à l'aube, alors que presque toute la grande maison dormait, pour ne pas rencontrer les regards pleins de pitié et de compassion de ses habitants. Elle en avait assez d'entendre son jeune époux s'enfermer dans son bureau, assez d'entendre les pleurs de son enfant sans avoir la force de les arrêter, assez d'être tentée par la mort, si douce et si calme mort, ultime souffrance ouvrant une porte à un lieu de chaleur et de paix. Elle avait fui, empruntant la petite porte qui menait au Bourbier, avant que le pâle soleil d'automne n'éclaire les cîmes des arbres du parc de la Résidence de Max, avant qu'il ne réchauffe de ses rayons les froides pierres de l'allées, et n'éveille les oisillons endormis sur une branche. Stupides créatures.... Tienn secoua la tête et reprit sa route.

La jeune femme erra ainsi jusqu'aux jardins, perdue dans les funestes pensées qui occupaient son esprit depuis plusieurs semaines, le souvenir d'une joie éphemère hantant sa mémoire.

Qu'ils étaient beaux, ces jardins, ils étaient décidément l'unique lieu où elle aimait réellement se trouver, avec la bibliothèque de Sénata V. En ces deux lieux, elle trouvait la solitude et le calme, nul ne lui demandait rien, ne lui imposait rien, comme dans la mort, qu'elle désirait presque ardemment maintenant.

Une voix interrompit le cours de ses pensées. Une voix habituée à parler fort, à crier des ordres ou à prononcer de longs discours, cette voix aujourd'hui n'était que murmure, comme si son maître souhaitait, tout comme Tienn, ne jamais perturber l'atmosphère des lieux.

"Tienn, est-il vrai que vous partez ?
pourquoi ? où ?
dites le moi..."

La jeune femme eut un petit rire nerveux, si faible, qui pourtant la fit tressaillir. L'homme pensa qu'elle allait perdre connaissance, secouée par cette démonstration forcée de ses sentiments. Cela sembla lui demander un tel effort qu'elle se laissa presque tomber sur un banc.

"Les bruits courent vite... "

Elle s'allongea sur le banc, jouant avec ses longs cheveux, les enroulant autour de ses longs doigts.

"Je ne sais qui est votre informateur, Thorin Oakenshield, mais il n'a pas tort. Je n'ai jamais parlé de ces projets, n'osant presque pas y penser. Je suis lasse, tout comme je sens que vous l'êtes, j'ai beaucoup perdu, il ne me reste plus rien"

Elle tourna la tête vers l'homme. Au dessus de son épaule, une fleur tomba d'un arbre...une Klymentia...Max lui en avait offert une quelques moi plus tot. L'aimait il encore à cette époque? Elle refoula une larme et sourit à Thorin, attendant une réaction.

Un rayon de soleil traversa les arbres longeant dignement les allées, et éclaira Kalyso, sa longue chevelure était soyeuse à la luminosité, tandis que sa peau se fit plus blanche que jamais.
Elle était une perle, une perle à laquelle ne manquait pas l'huitre.
Il fut flatté lorsqu'elle lui dit qu'il était bien informé, mais il était habitué à surprendre l'étonnement sur le visage des gens, être au courant, c'était devenu sa passion...

Tienn, comme toujours, votre réparti oublie de répondre, vous jouez sur les mots, espérant assouvir ma curiosité par des banalités ?
Chaque homme, femme, perd, ne serait-ce que de sa vie, chaque jour.

Alors Tienn, pourquoi partez-vous, qu'avez-vous perdu ?

Une arme à l'oeil, une larme à gauche, un départ.
Tienn paraissait si naïve, jeune pimbêche en apparence, mais si fine.
Cette fille était intelligente.
Cette fille ébranlait ses certitudes.
Peu le firent.

Empereur Nombre de messages : 120 Date d'inscription : 30/04/2005

Tienn tourna son visage vers les premiers rayons de l'aube. Elle semblait refouler des larmes qui ne demandaient qu'à s'échapper. Elle se releva et regarda Thorin dans les yeux, comme si elle voulait partager quelque chose avec lui, mais qu'elle hésitait. Elle noua ses cheveux au dessus de sa nuque, sauta sur ses pieds et prit la main de Thorin. Plaçant un index sur ses lèvres, elle l'entraina au travers des jardins, dans les labyrinthes épineux, lui fit traverser des forêts de fleurs qui commençaient à perdre leurs couleurs jusqu'à l'année suivante. Enfin, ils arrivèrent près du mur du Sénat, sous les fenêtres des plus grandes salles.

"Quand j'étais plus jeune..."

Elle s'arrêta un instant

"Vous connaissez mon passé je suppose, j'entends tous ces murmures indignés qui glissent lors de mes passages, vous devez les avoir entendu aussi"

Elle bafouait, hésitante. Oui, il les avait entendues, ces rumeurs à son sujet, au sujet du seigneur Max, oui, il la percevait surement comme un monstre, une sorcière qui avait attiré un grand seigneur entre ses cuisses dans l'unique but d'échapper à son sort. Elle le haïssait, comme elle les haïssait tous. Déjà, elle s'en voulait de l'avoir emmené là où elle n'avait jamais emmené personne, son jardin secret, là d'où elle entendait et voyait les plus grands débats sans jamais être vue. Elle avait cru à sa pseudo tristesse, le pensant ignorant de son passé. Qu'elle était bête, bien sur qu'il savait, il avait entendu les ragots, et voulait rire d'elle. Et elle était entrée dans son jeu, quelle idiote...

"Laissez moi seigneur Thorin, je n'ai rien à vous dire, vous savez déjà tout, ne me pensez pas plus bête que je ne le suis, laissez moi à ma condition de femme, déstinée à se faner comme une de ces fleurs dont la seule vue me donne à présent envie de vomir. Je les regardais, je les enviais, maintenant je les hais, partez, allez vous en, laissez moi m'éteindre, et n'éspérez pas me voir renaître au printemps prochain, trop de fois déjà je suis revenue à la vie pour ne mourir que d'une manière plus cruelle et plus douloureuse. Allez, courez, criez, mais laissez moi, je ne mérite nullement votre attention et celle de vos semblables."

Et sans lui laisser le temps de répondre, elle se détourna. L'ombre avait regagné ses yeux auxquels un homme avait su redonner un éclat, pour l'éteindre de son indifférence après quelques mois. Son choix était fait, Tienn partirait pour ne pas revenir. Cette nuit, elle regarderait cette enfant qui ne lui survivrait que de quelques semaines, elle verrait ce petit garçon qui l'aimait déjà comme une mère,elle embrasserait cet homme qu'elle aimait, et elle partirait sans que nul autre que Lui ne la voit.

Thorin la regardait s'éloigner, nageant dans l'incompréhension.

"Décidement, Thorin Oakenshield, chaque fois que nos routes se croisent....."

Il n'avait pas tenté de la rattraper, il ne s'était pas même retourné, n'avait point essayé de la retenir, ni de la raisonner...
Il murmura, continuant seul son chemin, un simple mot, un souhait, un voeu...

Adieu, Tien, fille donneuse de joie, mais certainement pas vendeuse de charme...
Oh, oui, Adieu...
A Dieu...

"Une larme à l'oeil, un départ", il ne la reverrait certainement plus, il l'avait admiré, cette jeune fille, jeune mais mature, jeune et mature...
Encore de la tristesse.

Il se demandait s'il allait la faire suivre, ou non , faire son deuil, ou reculer encore, et encore, ce moment fatidique.

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